jeudi 1 octobre 2015

Première Guerre mondiale : les élèves se mobilisent



Bravo et merci aux élèves qui se mobilisent fortement sur le thème de la Première Guerre mondiale

Lettre d'un poilu extraite de la correspondance de l'arrière grand-père de Zoé


"21 janvier 1915

Ma Chérie, 
Je reçois votre lettre du 17 ; celle du 13 s'est décidément perdue en route. Je comprends que ma discrétion vous agace, mais je n'y puis rien : nous avons les ordres les plus sévère pour ne pas souffler mot de ce que nous faisons, voyons ou entendons, et les punitions pleuvent sur ceux qui sont surpris à e pas museler assez leur plume. Mieux vaut donc se taire. Car comment savoir au juste où s'arrête ce qu'il est permis ou défendu de dire. Je peux cependant vous avouer que je suis [...]assez pessimiste. Je ne vois rien venir du côté russe, et la préparation de nos alliés devrait pourtant maintenant être au point. S'ils ne sont pas encore capables de vaincre, il est à craindre qu'ils ne le soient jamais. Quant au temps, il est entendu qu'il travaille pour nous, mais en accumulant les souffrances, les misères et les pertes, aurons-nous (je veux dire les Français en général) assez d'estomac pour tenir le coup ? Je l'espère, mais c'est tout. Il y a déjà bien des signes de découragement et de fatigue, et ce n'est pas le gouvernement qui sera capable d'avoir de l’énergie pour deux ; pour le pays, s'il venait à faiblir, ni pour lui. Mais à quoi bon raisonner dans le vide ? Il n'y a qu'à attendre.....
Je trouve très bien que Berthe fasse sa 1ère communion à Paris au printemps et j'approuve complètement vos projets (autant qu'on peut faire des projets dans des circonstances actuelles) à cet égard. Pourquoi n'iriez vous pas de temps en temps à Paris, d'ici là, pour voir Edmée ? Ce n'est pas une dépense bien grosse et cela vous distrairait. [...]
Je suis très bien avec mon régulateur, aussi bien qu'on peut l'être avec un homme très froid. Les camarades que je vois avec le plus d'agrément sont le Capitaine du Bouquet et le lieutenant de Cazabay. Mon service fait que, sauf quand je reçois des missions spéciales, je passe presque toutes mes journées avec ce dernier qui est très intelligent quoiqu'un un peu étroit d'idées. A propos de camarades, imaginez-vous que Reijal, mon collègue de terre est ici, et lui qui n'a jamais jusqu'à la semaine dernière quitté la ville, où il ne faisait plus rien depuis le 15 septembre, il est, bien qu'étant plus jeune de grade que moi, proposé pour capitaine. Inutile d'ajouter que, n(ayant aucune ambition militaire,je m'en fiche absolument, mais c'est tout de même drôle.....
Au revoir, chérie, je vous embrasse de toute mon âme.

PS : Pendant les deux nuits que je viens de passer à la belle étoile, je me suis servi de la bouteille qui tient les boissons chaudes : c'est merveilleux. Le café était si brûlant que je ne pouvais pas l'avaler."


Merci à Zoé pour cette lettre qui est d'un grand intérêt car elle illustre très bien les points suivants : 
- la force de la censure et de l'auto-censure des soldats, très bien exprimée dans la première partie de la lettre
- le découragement, la lassitude et la perception dès 1915 que la guerre risque encore d'être très longue.
- l'intérêt qu'il porte à la vie quotidienne de sa famille à l'arrière. Ces liens entre soldats et civils sont vitaux pour les deux. Ils apportent de l'humanité et du réconfort.
- les conditions de vie difficile et le rôle, là aussi majeur, des colis venus de l'arrière (ici par exemple,l'envoi d'un thermos).


Merci à Simon qui nous a apporté une médaille d'ancien combattant appartenant à sa famille ! 
















Merci à Baptiste 


d'avoir réalisé un diaporama sur les champs de bataille de la Somme à la suite de sa visite personnelle à l'Historial de la Grande Guerre de Péronne et de nous avoir apporté un billet datant de 1914 dont voici le fac-similé ! 

Cliquez sur le lien ci-dessous pour visionner le diaporama

Diaporama Les champs de bataille de la Somme